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Mélismatique
11 avril 2007

« J'ai peur. Peur que tout rate. Alors qu'au

« J'ai peur.
    Peur que tout rate. Alors qu'au fond, je n'ai même pas de but, sinon réussir...
    Peur de ne plus être à la hauteur en musique.
    Peur d'échouer à tous les rites de passage et de n'avoir plus de solution, même s'il y en a toujours... Je ne sais que faire. J'ai peur de rester, j'ai peur de partir. J'ai peur de me retrouver seule en terre inconnue avec une charge trop lourde pour mes épaules. Petite moi perdue dans la jungle.
    J'ai peur parce que je ne me connais plus. Je sais au moins ce que je préfère, mais j'ai peur de ne plus trouver d'échappatoire en affrontant directement les deux domaines qui me tiennent à coeur, de me noyer. Ne faire plus que cela, n'avoir le temps de rien d'autre. Quel bonheur, quelle terreur.
    Étrange comme chez moi le bonheur est souvent lié au mal être. C'est "trop de", trop de tout, tout à coup. Étouffement soudain qui succède à l'euphorie.

     Depuis des mois, je suis comme dans ce serpent de Richard Serra. J'avance, je suis les courbes, parfois je me cogne aux parois qui se resserrent.
     Je cherche mon chemin, j'essaie de ne me pas me perdre en route, de me prendre par la main. Le résultat est difficile à cerner. Je suis fatiguée, je vois flou. Il n'y a effectivement pas de tableau fluo avec de gros aimants qui clignotent de partout pour me dire où aller à chaque pas, pas de grosse croix pour me dire "tu es en là".

Certaines solutions sont meilleures que d'autres. Je cherche ma clé éphémère mais solide.
»

     Quelques mois plus tard, j'ai réussi l'un de ceux que j'appelais "rites de passage". Cet après-midi encore, je regardais ce "texte" avec un semblant de sourire sur les lèvres. Un petit "tu vois, tu t'en es pas trop mal sortie" résonnait dans ma tête.
    J'ai été à la hauteur en musique. J'ai presque pleuré de joie en apprenant la nouvelle. Et puis j'ai eu ma période de doute. J'ai été désemparée de constater qu'après l'avoir espéré de toutes mes forces, après y avoir travaillé avec acharnement, après avoir tout jeté loin derrière pour réussir et légèrement boycotté mon année, je n'y attachais plus grande importance. Bien sûr que j'allais le faire, comment refuser. Mais... Mais... Et puis le doute s'en est allé. Ne restait plus que le choix, le sacrifice qui se présentera à moi plus tôt que je ne le voudrais, autoritaire, exigeant.
     J'y voyais moins flou. Hier, lorsque je me suis retrouvée devant ces murs gris, dans cet espace aux allures de désert, j'ai compris que ce lieu n'était pas fait pour moi. Il fallait donc que je parte, puisque je ne souhaite pas faire la deuxième année. Plus aucun regret en pensant au choix que je fais de quitter cette ville, puisqu'elle ne peut plus répondre à mes attentes.      
     Tantôt, je n'avais plus qu'à me dire qu'il fallait juste laisser filer le temps, pour savoir ce qui me tenait le plus à coeur là-bas. Je pensais que j'étais moins perdue, que je pouvais être un peu en confiance.

     Et puis les questions reviennent. Les angoisses quant à l'avenir. Cette angoisse lourde qui pèse en nous tous, j'en suis sûre. Se lancer dans de longues études pour lesquelles on nous serinne que les postes sont rares. Se lancer envers et contre tout, malgré tout. Et pourtant, pourtant. On a peur, non? Moi si.
     Jusqu'à ce soir, je n'avais jamais songé au fait que si je ne réussissais pas à entrer dans CE master, le seul master qui me convienne dans la "filière x choix", tout serait fini, qu'il n'y avait pas d'alternative. Que c'était réussir ou se retrouver à la rue avec trois années de gâchées. Non, bien sûr, pas gâchées. Tant de bonheurs doivent s'accumuler durant ces trois années. Tant de découvertes. Et pourtant. Sur le marché du travail, qu'est-ce qu'on en a à foutre de ces "bonheurs" et de ces "découvertes". Si elles ne conviennent pas, il faut se diriger vers autre chose, trouver l'issue de secours.
     Ou se perdre, plonger en eaux troubles.
     Je ne peux pas imaginer que cela m'arrive à moi. Ou si, justement, puisque je suis en train de m'écrire un avenir fictif (pléonasme?) désastreux. Je ne pourrais tout simplement pas supporter d'avoir tout plaqué pour faire marche arrière et m'agripper à cette passion qui m'entraîne depuis l'enfance, d'avoir refusé d'autres filières qui m'auraient plus facilement menée plus haut, pour me retrouver avec un diplôme qui ne vaut rien. Serai-je capable de l'avoir ce concours? Comment y penser maintenant...
    Le tout, le rien.
    C'est si dur de porter un avenir basé sur une telle multiplicité de conjonctures.
    Dans deux mois, j'aurai une autre réponse. Alors viendront d'autres questions. Ou toujours les mêmes.

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Commentaires
D
Peut-être, J.J. dans "Vous descendez", de Nick Hornby, t'aidera à voir les choses avec plus de perspective. C'est par ailleurs un des mérites principaux d'un roman assez médiocre dans l'ensemble...<br /> Sinon, comme d'hab pour ce qui est des questions d'orientation, ma life fournit un bon (contre?)exemple sur ce point-là: depuis quelques mois, un peu plus d'un an maintenant (que le tps passe vite... etc.), je souscris avec ferveur à ce que le grand Neil Hannon proclamait déjà alors que j'étais en seconde: "love what you do"...
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