Regain d'enthousiasme.
En ce moment, je m'interesse à tout. J'ai retrouvé mon goût pour la culture. Ma nature de littéraire aimant la musique par dessus tout, le cinéma, l'histoire de l'art, les livres... s'est vivement réveillée. Je l'avais égarée je ne sais où. Pas vraiment égarée, elle était toujours là. Mais je n'y croyais plus vraiment. J'avais l'idée absurde que je n'étais pas à ma place, tout en sachant que je ne l'étais nulle part ailleurs. Parce que ma vie est faite de tout cela. Une vie sans amour, sans l'amour de l'art, et sans l'histoire me paraît creuse.
Je craignais le milieu littéraire. Je me pensais inculte. Indigne et incapable de poursuivre ma voie dans cet environnement. J'avais perdu de vue le fait qu'un livre, un film raconte d'abord une histoire; qu'un tableau est là pour inspirer des sensations. Je sais bien sûr qu'il y a ensuite quelque chose à découvrir derrière. Mais cela m'était presque impossible, car je butais contre un mur invisible, je m'embrouillais dans d'obscures sphères. Il n'y avait plus que la musique, mon éternel amour, pour me secourir, me protéger. Mais là aussi, j'avais du mal. Mon piano malade ne m'aidait pas, et je savais qu'il fallait que je le réapprivoise très vite.
Je bloquais aussi parce que j'étais boulimique de culture. Ce n'est pas vraiment un paradoxe. Je voulais me cultiver et m'y prenais mal. C'était comme si le temps m'oppressait et ça ne marchait pas. J'écoutais peut être trop les "voix de l'autorité". J'avais l'impression qu'il fallait être d'accord avec tel grand homme, aimer telle peinture, être baba devant telle oeuvre littéraire... Mais je ne le pense plus. Je croyais que je ne pouvais rien en penser par manque d'expérience. Mais aimer ou pas est donné a tout le monde. Les arguments viennent après, avec l'éducation, l'expérience. En fait, je complexais sans doute sur ma jeunesse...
Bref, j'ai ratatiné toutes les bêtises auxquelles je pensais.
Je me suis donc réveillée, et tout cela me paraît nouveau, et beau. Presque simple à apprivoiser.
Et puis je pense beaucoup à toi.
Et tout cela est bien joli, mais ce n'est pas le moment. Il faut que je me replonge dans la réalité. Et je n'ai pas envie de rabacher. Je veux continuer sur ma lancée, apprendre et mettre à profit cette réceptivité qui est la mienne en ce moment. Mais non, il faut se reglisser dans cette période stagnante, et oublier un peu le reste sous peine de saturation de cerveau.